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Raoni, chef Kayapo

"Dilma n'est pas un vrai chef"

publié le 17/12/2015

Le chef Kayapo dénonce le sort fait aux Indiens du Brésil.

"Dilma n'est pas un vrai chef" Raoni, chef Kayapo.

Les Amérindiens sont plus que jamais menacés par l'extraction minière, l'exploration pétrolière et l’agro-industrie considère Raoni, qui regrette les concessions permanentes faites aux destructeurs de la forêt, au détriment des objectifs globaux de préservation de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique.
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(Texte intégral de l'intervention de Raoni dans le cadre du festival « le cri pour la planète ».)
Je voudrais d’abord vous parler de mon travail. J’ai rencontré les blancs pour la première fois quand j’étais un jeune homme, avec l’arrivée dans ma région des frères Villas-Bôas (indigénistes, connus pour avoir fondé le parc naturel du Haut-Xingu. NDLR). Mon père m’a dit alors : « les blancs arrivent ». Avant sa mort, d’une grippe, mon père m’avait donné des orientations, que j’ai suivies. J’ai appris un peu le Portugais en travaillant avec les frères Villas-Bôas. Ils m’ont questionné, je leur ai parlé de ma culture.

"Les Villas-Bôas m’ont expliqué le monde des blancs"

Ils m’ont dit, ensuite, qu’ils allaient m’expliquer le monde des blancs
Mon père me disait, lui, que tous les indigènes sont frères, et que lorsque j’irais dans les villes et que je rencontrerais l’un de ces parents, je devrais le saluer comme mon frère. Il affirmait également qu’il fallait à présent nous rapprocher des autres indigènes, car nous étions désormais entourés de blancs.

Le refus d’être acheté

Les frères Villas-Bôas m’ont dit : «tu as une bonne conscience et tu devras défendre le Xingu et tes autres frères et parents ailleurs, car la terre est comme notre père et notre mère. Des blancs vont t’offrir de l’argent et tenter de t’acheter. Ils veulent prendre ta terre.

"Il ne faut pas accepter ces propositions"

Tu ne dois pas être un imbécile et accepter ces propositions. » J’ai alors commencé mon travail de défense de notre terre, comme les frères Villas-Bôas et mon propre père me l’avaient demandé. C’est pour cela que je défends notre terre et que je parle à tous du respect nécessaire et de la conservation de nos terres. 

Tromperies à répétition

Mon travail est très difficile et grand à la fois. Il existe des peuples partout dans le monde. Il y a longtemps, des peuples de cette région du monde, les Portugais, sont sortis de leur terre et sont allés au Brésil. Il ont rencontré nos ancêtres, leur ont menti, les ont trompés, les ont tués.

"Les Portugais ont rencontré nos ancêtres et leur ont menti"

Il ont fait beaucoup de mal et beaucoup d’ethnies de nos frères n’existent plus. Voici pourquoi je défends les terre, l’eau, la forêt. Parce qu’y vivent mes petits enfants qui en ont besoin aujourd’hui et en auront besoin plus tard.

De grandes catastrophes à venir

C’est ainsi que je pense. Je suis pagè (shaman NDLR) aussi et, une fois j’ai rêvé à notre créateur qui à ce moment-là m’a donné de l’eau et s’est adressé à moi de la manière suivante : le créateur qui a créé la terre, les animaux, les forêts m’a fait voir que nous avons tous la même origine. Les Portugais sont allés au Brésil et y ont transmis la guerre. Je ne comprends pas cette attitude. Je ne comprends pas cela puisque nous avons tous  la même origine. Le créateur nous a donné de quoi nous nourrir. Mais, aujourd’hui, je vois que le Brésil déboise partout. S’ils déboisent tout, quelle va être la situation des générations futures ?

"Le Brésil déboise partout"

S’il n’y a plus de forêts, nous aurons encore plus de chaleur et nous serons confrontés à beaucoup plus de problèmes environnementaux. De grandes catastrophes peuvent se produire, telles qu’il s’en est déjà produites dans un passé lointain selon certaines croyances. Si nous continuons à déboiser nous aurons ces mêmes problèmes pour la génération actuelle.

Le besoin de se mobiliser à nouveau

Je voudrais que chacun se respecte davantage. Je pense que notre présidente, Dilma, ne pense pas de cette manière. C’est elle qui encourage le déboisement, envoie construire des centrales hydroélectriques sur les terres de nos frères indiens, et beaucoup d’autres grands travaux qui sont accomplis contre nous le peuples indigènes. Dilma n’est pas vraiment une chef, car à un moment, elle a eu l’autorité pour empêcher que ces problèmes soient causés aux peuples indigènes et elle ne l’a pas exercée.

"Dilma n’a pas exercé son autorité pour éloigner les problèmes des Indiens"

Quand je vais retourner au Brésil je pense faire une réunion avec tous les chefs indigènes, avec nos soutiens ici d’Europe, pour nous mobiliser encore une fois, afin d’écrire à nouveau au gouvernement brésilien et à Dilma, pour en finir avec les problèmes qu’ils nous créent.

Le besoin de paix

C’est tout ce que j’ai à dire. Nous avons besoin de la paix, de bonnes relations les uns avec les autres. Donc, je demande du soutien ici, pour lutter, là -bas au Brésil, avec l’objectif de parvenir à éviter que des problèmes sérieux ne se produisent. Nous avons besoin de votre appui pour démarquer toutes les terres dont nos frères et parents ont besoin pour leur garantir une bonne vie à eux aussi. Voilà tout ce que j’ai à dire, et avec les mots je vous envoie une accolade à tous.

© Jacques Secondi