APERÇU
Nouveau monde, nouvelles mobilités

Deux roues au carré

publié le 27/11/2017

Il pleut des bicyclettes

Deux roues au carré Esprit citoyen où es-tu ?

Les temps modernes : de Hong-Kong, le jeune concepteur d’une application de gestion de flottes de vélos partagés a commandé un container de 400 bicyclettes qu’il a fait larguer sur Paris et sur Lille. Cela c’était pour les vélos verts (Gobee) , mais il y a aussi à présent les jaunes, et bientôt les rouges. Ultra-pratique : le deux roues est géolocalisable, on le trouve en suivant sa trace numérique sur son téléphone, et on peut le larguer n’importe où en fin d’utilisation.
Cette pluie de vélos génère différents problèmes typiques du Nouveau Monde.
Premier point : il ne faut plus s’engager sur des solutions technologiques trop lourdes et difficilement réversibles. En l’occurrence, les imposantes bornes métalliques du système vélib semblent d’un coup renvoyées au Moyen-âge de l’ère numérique. Les nouveaux venus semblent en plus avoir profité, pour se lancer, de l’immobilisation partielle des vélos officiels de la Mairie de Paris, obligée de remettre en chantier ses stations d’amarrage pour accueillir l’opérateur Smooove, appelé à remplacer Decaux.
Deuxième point : l’innovation vient des petits et du secteur privé. Les gros et le secteur public doivent s’organiser pour l’accueillir, et surtout ne pas tenter d'imiter les petits.
Troisième point qui découle du précédent : pour s’organiser, il faut que les collectivités disposent de nouveaux moyens. Face aux offres de mobilités qui se multiplient, le secteur public n’a pas les moyens juridiques adéquats, par exemple pour réguler l’utilisation de l’espace public. Son occupation anarchique par les nouvelles flottes de vélos partagés pose problème car il ne faut pas trop compter sur l’esprit citoyen : les vélibeurs étaient ordonnés par nécessité, obligés de rattacher leurs vélos à une borne pour que le compteur s’arrête de tourner. Libérés de cette contrainte les "gobeebikers" n’ont cure d’abandonner leurs montures absolument n’importe-où (voir photo) dans la ville.
Pour l'organisation, il est nécessaire également de favoriser l’accès à l’information* que génèrent et recueillent les nouveaux venus en créant un statut de données d’intérêt général, pour de la "data" qui reste aujourd’hui propriété privée.

*voir l'article que j'ai publié dans le Nouvel Economiste à ce sujet.